Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Match Nul

2 septembre 2010

4ème et dernière partie de Match Nul

Tout droit réserver à Mel Nyuh.

Mel - À force tu sais, je me demande si tout cela a un sens.
Lem - Un sens ? Le sens de quoi ?
Mel - De tout ça !
Lem - Tu m'énerves.
Mel - Tu ne me comprends pas.
Lem - Il n'y a rien à comprendre !
Mel - Il y a forcément un sens…
Lem - Le sens du jeu.
Mel - Peut-être.
Lem - Certainement.
Mel - Mais quel est-il ?
Lem - Je ne sais pas.
Mel - Tu joues sans savoir ?
Lem - Non !
Mel - J'aurai cru.
Lem - Je ne joues plus.
Mel - Menteuse. Tu n'arrêtes jamais de jouer. Lorsque tu dis arrêter c'est pour mieux continuer. Tu es une joueuse dans l'âme tu ne peux pas t'arrêter. Tu ne t'arrêteras jamais ! Ni hier ni demain, jamais !
Lem - (silence, puis, la voix tremblante) J'existe tu crois ?
Mel - Non.
Lem - Comment je t'ai créé alors ?
Mel - Je t'ai créé pour que tu me crées. Tu n'existes pas. Tu es rien, Lem.
Lem - Mel, Mel…. J'ai peur !
Mel - Tais toi !
Lem - J'ai peur !
Mel - Je ne veux plus t'entendre !
Lem - J'ai peur.
Mel - Tu fais autant de bruit que l'hippopotame.
Lem - Mais j'ai peur !
Mel - (comme s'il ne l'entendait plus)Peut-être même plus de bruit…
Lem - Mel…
Mel - Autant que les néons sous la mer.
Lem - Pourquoi tu ne m'écoutes plus ?
Mel - Oui c'est ça tu fais autant de bruit que ces méchants là.
Lem - (pose sa main sur l'épaule de Mel) Mel !
Mel - (tourne la tête vers Lem) Ah, tu es là.
Lem - C'est toi qui ne va plus être là bientôt.
Mel - C'est vrai. C'est bientôt l'heure.
Lem - Tu vas m'abandonner.
Mel - Je vais partir.
Lem - Revenir hier ?
Mel - Comme demain.
Lem - Et le chameau….
Mel - Laisse le là où il est.
Lem - Mais, et l'oiseau ?
Mel - Il s'est envolé.
Lem - Où ?
Mel - Lui seul le sait.
Lem - Il m'a abandonné.
Mel - Tu jouais ?
Lem - J'ai joué. Je ne jouais plus.
Mel - Tu ris ?
Lem - Non. Ça ne me fait rien.
Mel - Tant pis pour lui.
Lem - Un chasseur le tuera.
Mel - Tu es dur.
Lem - Le tuera et le disséquera.
Mel - Arrête.
Lem - Il n'avait pas à partir !
Mel - Si. C'est la vie.
Lem - Peut-être.
Mel - Moi aussi je vais partir.
Lem - Non Mel, ne pars pas, reste.
Mel - Mais l'heure…
Lem - Ce n'est jamais l'heure !
Mel - C'est bien la seule chose pour laquelle il y ait une heure.
Lem - Tu ne sers à rien.
Mel - Je n'ai jamais servi à quoi que ce soit.
Lem - Tu me sers.
Mel - Esclave.
Lem - Tu es moi.
Mel - Tu es mon esclave.
Lem - Je t'obéis ?
Mel - Oui. Jouons !
Lem - Une dernière fois…
Mel - Juste une dernière fois.
Lem - Tu perdras.
Mel - Encore une fois.
Lem - À quoi bon ?
Mel - Pour toi.
Lem - Je ne veux pas.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Le jeu me rappelle lui.
Mel - Et ?
Lem - Et je ne veux plus jouer !
Mel - Tu ne veux plus de lui ?
Lem - Il est loin maintenant.
Mel - Vraiment ?
Lem - À des années.
Mel - Tu es rapide.
Lem - J'aime oublier.
Mel - C'est mal.
Lem - J'ai peur.
Mel - De quoi ?
Lem - De ne pas réussir à oublier mon avenir.
Mel - Et pourquoi l'oublier ?
Lem - Pourquoi pas ?
Mel - Tu veux m'oublier ?
Lem - J'aimerai que tu n'aies jamais exister.
Mel - Tu es gentille Lem.
Lem - Très ! maman le disait souvent.
Mel - Maman aussi.
Lem - Alors pourquoi je suis ici ?
Mel - Parce que tu as trop joué…
Lem - Tu mens !
Mel - Non. Je pars. (se lève et avance vers la sortie)
Lem - Tu pars ? (se lève et vient au centre de la scène)
Mel - (arrêté) Tu m'y obliges.
Lem - C'est l'heure…
Mel - De manger.
Lem - J'ai peur.
Mel - Tu as trop joué Lem. Il serait temps d'arrêter.
Lem - Mais, j'ai peur ! Tu ne m'écoutes pas.
Mel - Ta vie est le jeu, je sais.
Lem - Tu n'y comprends rien.
Mel - Personne ne te comprend.
Lem - Pas même moi. Le chameau peut-être me comprendrait.
Mel - Il va mourir tu sais.
Lem - Tais toi ! Tais toi !
Mel - Lem, je pars…
Lem - Non, non, ne me quittes pas.
Mel - Je reviens vite.
Lem - Vite le temps passe lentement.
Mel - Alors je ne reviendrais pas.
Lem - C'est dans combien de temps ?
Mel - Je ne joue plus Lem.
Lem - Tu as encore perdu ?
Mel - Je perdrai toujours face à toi.
Lem - Je suis la meilleure !
Mel - Tu es seule Lem.
Lem - J'ai le coussin.
Mel - Contre qui tu perdras.
Lem - Oui… Un coussin n'est pas bien bavard.
Mel - Je vais me taire moi aussi.
Lem - Tu ne peux pas.
Mel - Mais je peux partir et ne pas revenir.
Lem - Tu es sérieux.
Mel - Autant que l'oiseau.
Lem - Tu ne ferais jamais ça.
Mel - Non. Parce que je perds.
Lem - Je ne serai jamais seule.
Mel - Tu l'as toujours été. (ouvre la porte pour sortir)
Lem - Non Mel ! Ne pars pas.
Mel - Il le faut.
Lem - Je veux….
Mel - Arrête de jouer Lem. Définitivement.
Lem - Sortir ! Je veux sortir ! Partir avec toi. Enlève moi.
Mel - Je ne peux pas. Demande au kiwi.
Lem - Il ne veut pas.
Mel - Alors je pars.
Lem - (riant) Tu n'as pas le droit !
Mel - Il serait temps que tu comprennes. (sort)
Lem - Mel ? (pas de réponse) Mel ? Mel tu es parti ? Mel ? Mel tu m'a abandonnée…
Mel - (entre) Je ne pars jamais. (ressort)
Lem - Je le savais. Je le savais bien Mel Tu es mien, tu es moi, tu ne pars pas, tu ne peux pas, tu es moi ! (éclate en sanglot et ris en même temps) Ô Mel, si tu savais comme j'ai pu réfléchir. Je crois que je comprends. Maman et maman… Le jeu vous a fait fuir. Le chameau, le jeu t'a tué. L'oiseau, le chien, le coussin, l'hippopotame, kiwi, Mel ? Le jeu, mon jeu vous détruit. Le jeu me détruit ? Suis-je le jeu ?Mais qu'est-ce que le jeu ? Suis-je le jeu ? Je suis le jeu ! Je joue. Je ne sais que ça. Mais… Le jeu les détruit. Le jeu vous détruit ! C'est mal. C'est bien ? Non. Lui… Où es-tu à présent ? Loin ? Tu joues avec d'autres que moi ? Ce jeu incessant qui nous détruit de l'intérieur. Lui… Je me demande qui tu étais. Je ne m'intéresse pas à toi. Le jeu t'a tué. Le jeu t'a rayé de mon tableau de chasse. De mon tableau de jeu. Mes notes sont les meilleures, je suis la meilleure. Où est ma médaille ? La médaille de la meilleure joueuse. Comment ça qu'est-ce comme jeu ? C'est le jeu. Le jeu ! Pourquoi vous ne comprenez pas ? Le jeu ! Je suis claire. Le jeu. Vous savez le jeu. Suis-je la seule à jouer ? Non. Lui jouait. Et puis, la vie joue aussi ! Elle gagne souvent. Vous comprenez ? Le jeu ! Vous m'énervez. À ça oui vous m'énervez ! Le jeu… Ce jeu… C'est ma vie le jeu. Ma vie ? La vie de Mel. Je suis très fière. Kiwi ! Jouons ! Kiwi ? (silence) Hippopotame ? Chameau ? Oiseau ? Chien ? Coussin ! Joue avec moi. Toi là, (tend la main vers le public) assis devant moi, être invisible et irréel, chose insignifiante créée par mon esprit tordu et instable joue avec moi. Oui viens, joue avec moi. Comment jouer ? Comment ça. Tu ne sais pas jouer ? Mais… (sa main retombe contre son corps) Suis-je la seule à comprendre ? Mais… Non ! Lui comprenait. Lui jouait ! Mais lui n'est plus…. Mel ! Mel revient. Mel ! Mel !! Je crois que ce que j'ai à te dire… Je devais te dire que je l'aimais oui c'est ça ! Mais je ne l'aime plus ! Je ne perds plus ! Je suis libre ! Libre de jouer à nouveau… Non. Libre de vivre ! Laissez moi sortir ! Laissez moi vivre ! Maman ! maman ! Mel ! Je veux sortir et vivre ! (entrent deux hommes habillés de blanc, masque chirurgicale sur le visage, apportant une camisole de force) Truc et chose ! J'ai compris j'ai tout compris ! Oui oui je comprends tout maintenant ! (ils saisissent Lem pour l'immobiliser) Oui ce que je dois dire à Mel, depuis tout ce temps, c'est simple, c'est très simple ! Truc, chose, mais écoutez moi ! (ils lui passent la camisole de force) Laissez moi sortir ! Laissez moi vivre ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! J'arrête de jouer ! (ils la tirent vers le lit pendant que le rideau se ferme. Plus le rideau se ferme plus Lem crie. Sa voix est un sanglot déchirant) Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini ! Le jeu est fini !

RIDEAU

Publicité
Publicité
5 juin 2010

Match Nul 3ème partie.

Tout droit réserver à Mel Nyuh.

Mel - Et si je me cache derrière la porte ?
Lem - Tu seras toujours là.
Mel - Ça parlait de quoi ?
Lem - De toi.
Mel - Crocodiles.
Lem - Non, pas pour toi.
Mel - Tu entends l’oiseau dehors ?
Lem - Je n’entends rien.
Mel - Tu entends uniquement ce que tu veux entendre.
Lem - Tu crois qu’on a un père ?
Mel - Tu vois ! Tu ne m’écoutes pas.
Lem - Mais si.
Mel - Je parlais de quoi ?
Lem - D’un oiseau.
Mel - Et après ?
Lem - Tu m’écoutais.
Mel - Tu m’énerves.
Lem - Toi aussi. Réponds à ma question !
Mel - Tu es capricieuse.
Lem - Tu crois qu’on a un père ?
Mel - Il le faut bien.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Il faut un homme et une femme pour créer la vie.
Lem - Comme toi et moi ?
Mel - Oui.
Lem - Mais tu es moi.
Mel - Je suis une femme et tu es un homme.
Lem - Tu es un homme et une femme à la fois.
Mel - Toi aussi.
Lem - Alors on peut créer la vie seul. Je n’ai pas besoin de toi.
Mel - Tu me comprends rien.
Lem - Qui es-tu ?
Mel - Un délire tout droit sorti de ton esprit fou.
Lem - Alors je t’ai créé, seule.
Mel - Certainement.
Lem - J’ai faim.
Mel - Moi aussi. Tu veux que je mange ?
Lem - Tais toi ! Tais toi !
Mel - Tu ne veux plus m’entendre.
Lem - Je ne t’ai jamais entendu.
Mel - Je n’existe pas !
Lem - Si ! C’est moi qui n’existe pas.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Arrête avec tes questions.
Mel - Je te soûle.
Lem - Tu es soûlant.
Mel - En quoi ?
Lem - Tais toi ! Je ne veux plus t’entendre ! Tu fais trop de bruit, beaucoup trop de bruit.
Mel - Tu veux que je parte ?
Lem - Oui.
Mel - Tu veux que je te quitte.
Lem - Oui.
Mel - Tu veux être seule ?
Lem - Oui !
Mel - Tu veux que j’appelle la Belle ?
Lem - Non. Elle viendra si elle le veut.
Mel - Et lui.
Lem - Ne me parle pas de lui.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Il m’énerve, à toujours gagner, à m’ignorer.
Mel - Tu l’aimes ?
Lem - Non.
Mel - Je croyais.
Lem - Moi aussi ! Mais non. J’en ai assez de perdre constamment. Il faut que je sorte, que j’aille jouer dehors.
Mel - Tu ne peux pas sortir.
Lem - Je vais ramper.
Mel - Arrête de jouer.
Lem - Non.
Mel - Tu sais que ça te fait du mal. Et puis, les gens n’aiment pas jouer avec toi.
Lem - Je vais bien finir par trouver des gens qui voudront jouer avec moi.
Mel - Moi je ne veux plus.
Lem - C’est toujours toi qui commence.
Mel - Et c’est toujours moi qui perd.
Lem - Exact.
Mel - On sort ?
Lem - Pas tout de suite.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Il est trop tôt. J’ai peur.
Mel - De quoi ? Du chien ?
Lem - Non. De l’oiseau.
Mel - Il est gentil. Il chante bien.
Lem - Et l’hippopotame ?
Mel - Quoi l’hippopotame ?
Lem - Il chante bien ?
Mel - Il danse dans le séjour avec des talons aiguilles.
Lem - Et le chameau mange une banane bronzée dans le désert arctique.
Mel - Tu as confiance en moi ?
Lem - Je ne sais pas.
Mel - Je vais te raconter une histoire.
Lem - Oh non. Je n’ai pas envie. Je veux sortir !
Mel - Et moi j’ai faim.
Lem - Tu mangeras dehors.
Mel - On sort ?
Lem - Je t’ai dit ce que j’avais à dire ?
Mel - Je crois.
Lem - C’était quoi ? 
Mel - Par rapport à lui.
Lem - Ah oui. Je crois que, au départ, ce n’était pas ça que je voulais dire.
Mel - Pourquoi tu as changé tes propos ?
Lem - PArce que j’ai changé ma pensée.
Mel - Tu as arrêté de l’aimer sur un coup de tête.
Lem - Oui.
Mel - Tu l’aimais donc.
Lem - C’est possible.
Mel - Et tu ne l’aimes plus.
Lem - Je n’ai pas dit ça.
Mel - Tu l’aimes encore ?
Lem - Peut-être. Mais il m’énerve. Je veux entendre l’oiseau !
Mel - Écoutes-le.
Lem - Ouvre la fenêtre.
Mel - (se lève, va ouvrir la fenêtre, n’y arrive pas) Elle ne s’ouvre pas.
Lem - L’oiseau est toujours là N
Mel - Oui.
Lem - Vas le chercher !
Mel - Il ne voudra pas venir.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Il est sauvage.
Lem - Alors je ne peux pas l’entendre.
Mel - Approche toi.
Lem - (se laisse glisser au sol, rampe jusqu’à la fenêtre, se relève) Je l’entends.
Mel - C’est beau non ?
Lem - Je crois (fais demi tour et revient s’asseoir).
Mel - (revient s’asseoir) Bon. Que doit-on faire à présent ?
Lem - Je ne sais pas. Comme hier ?
Mel - Comme demain. Parler de lui, de Maman et maman, de la faim, des crocodiles, du chameau, du kiwi, encore de lui, puis le chien, le coussin, de nouveau le chien, la peur, l’hippopotame, la fenêtre, l’oiseau et...
Lem - Tu ne te souviens plus ?
Mel - Ça ne m’intéresse pas tant que ça.
Lem - Tu ne sais si lire, ni nager.
Mel -  Je suis inculte, c’est normal.
Lem - Instabilité.
Mel - Maman ?
Lem - maman.
Mel - Tu es vraiment très instable.
Lem - Et tu es bien trop stable. C’est est...
Mel - Écœurant.
Lem - Mais qui ?
Mel - Toi.
Lem - Moi ? Non, toi !
Mel - Toi et moi !
Lem - Moi sans toi.
Mel - Toi sans moi et moi sans toi et moi et moi sans toi et toi et moi et toi sans toi et moi.
Lem - Rien ni personne.
Mel - Et personne ni rien ?
Lem - Toi et personne et moi et rien sans personne et toi sans rien.
Mel - Au fond, on est éternellement seul.
Lem - Toujours.
Mel - Ça me donne envie de rire !
Lem - Et bien ris.
Mel - Mais ça fait mal !
Lem - (tend la main vers le visage de Mel, à tâtons) Mel ?
Mel - (prend la main et la pose sur sa joue) Oui ?
Lem - J’aime ta chaleur.
Mel - C’est cocasse.
Lem - Caucase ? En rien, ça n’a aucun rapport !
Mel - Ta main est froide (retire la main de Lem)
Lem - Excuses-moi. Excuses-toi !
Mel - Où est l’explication rationnelle ?
Lem - Il n’y a rien de rationnel dans l’instabilité.

28 mai 2010

Match Nul 2ème partie.

Seconde partie de Match Nul.

Se référer au poste précédent pour le début de la pièce.

Tous droits réservés à Mel Nyuh.

Mel - Et les pommes ?
Lem - Tu as si faim que ça ?
Mel - C’est l’heure.
Lem -C’est toujours l’heure.
Mel - Sauf pour toi.
Lem - Exact.
Mel - On joue ?
Lem - Les citrons, ça se mange.
Mel - C’est acide.
Lem - Je sais.
Mel - Tu connais l’acide  ?
Lem - Non. De nom seulement.
Mel - Tu n’as jamais mangé de citron.
Lem - Non.
Mel - C’est triste.
Lem - Tu aimes ?
Mel - Non.
Lem - Tu m’aimes ?
Mel - De moins en moins.
Lem - Menteur.
Mel - De plus en plus.
Lem - C’est quoi, orange ?
Mel - Rouge et jaune.
Lem - Vert ?
Mel - C’est complémentaire.
Lem - Stable ?
Mel - Peut-être.
Lem - Comme toi.
Mel - Mais tu es verte.
Lem - Orange donc ?
Mel - Je ne crois pas.
Lem - Tu ne crois rien.
Mel - Si !
Lem - En quoi ?
Mel - En... Je ne sais pas.
Lem - Tu ne sais plus.
Mel - Je n’ai jamais su.
Lem - Mais tu crois.
Mel - Oui
Lem - Moi...
Mel - Arrête de parler de toi.
Lem - D’accord.
Mel - Tues-toi.
Lem - Ce n’est plus l’heure.
Mel - Il n’y avait pas d’heure, avant ?
Lem - Avant ?
Mel - Il y a une heure.
Lem - C’était quand ?
Mel - Je ne sais plus. Tu me fatigues.
Lem - C’est parce que tu n’as pas mangé.
Mel - Mes mains !
Lem - Quoi ?
Mel - Maman veut manger mes mains.
Lem - maman tu veux dire.
Mel - Non, Maman.
Lem - Mais elle ne mange pas les mains.
Mel - Elle veut faire comme maman.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Demandes-lui.
Lem - Elle ne vient jamais me voir.
Mel - Elle ne veut pas.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Tu la fatigues.
Lem - Parce qu’elle mange pas ?
Mel - Parce tu joues tout le temps.
Lem - C’est marrant. Ça fait pleurer.
Mel - Elle aussi, elle pleure.
Lem - Parce qu’elle m’aime.
Mel - Elle perd. Mais elle est triste.
Lem - Je ne la vois jamais rire.
Mel - Elle n’est pas comme nous.
Lem - Comment ça ?
Mel - Elle rit quand elle est heureuse, et pleure quand elle est triste.
Lem - Fantaisie.
Mel - Elle est bizarre.
Lem - Plus que moi ?
Mel - Non.
Lem - Plus que moi ?
Mel - Oui.
Lem - Et maman ?
Mel - Comme toi.
Lem - Je ne l’aime pas.
Mel - Tu n’aimes personne.
Lem - Si !
Mel - La Belle.
Lem - Oui.
Mel - Et ?
Lem - Tu prendras le coussin en partant (prend le coussin et le pose sur la tête de Mel).
Mel - (prend le coussin, le jette par terre) D’accord.
Lem - Il est heureux tu crois ?
Mel - Je ne sais pas. Ça pense un coussin ?
Lem - Puisque ça perd, oui.
Mel - Tu es logique.
Lem - C’est quoi ?
Mel - Quoi ?
Lem - La logique.
Mel - Quelque chose.
Lem - Que je suis ?
Mel - Peut-être.
Lem - Je suis logique. De quelle couleur est une forme pyramidale ?
Mel - Ça dépend.
Lem - De ?
Mel - Rien.
Lem - C’est vert donc.
Mel - C’est transparent je crois.
Lem - Tu crois mal. C’est rien c’est vert.
Mel - Mais se n’est pas rien.
Lem - Non. C’est une forme pyramidale.
Mel - On joue ?
Lem - À quoi bon ?
Mel - Ça te lasse.
Lem - Tu me lasses.
Mel - Je pars donc.
Lem - Oui.
Mel - Demain...?
Lem - N’oublie pas le coussin.
Mel - (ramasse le coussin) Non.
Lem - Éteins la lumière !
Mel - Elle l’est déjà.
Lem - Fermes les volets.
Mel - Il n’y en a pas.
Lem - Je veux être dans le noir.
Mel - Tu l’es déjà. Tu ne vois pas.
Lem - Je sens la lumière.
Mel - Sur la peau ?
Lem - Non. L’odeur.
Mel - Tu l’entends ?
Lem - Très fort.
Mel - Comme les néons sous la mer ?
Lem - Pire. Véritable cacophonie.
Mel - Tu ris ?
Lem - J’ai envie.
Mel - À cause de la lumière ?
Lem - Peut-être.
Mel - Je pars (se lève).
Lem - Reste.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Demain est dans si longtemps.
Mel - Plusieurs années.
Lem - Je ne veux pas être seule.
Mel - Garde le coussin.
Lem - Non.
Mel - Tu as le kiwi.
Lem - Il m’aime.
Mel - Manges le.
Lem - Ce n’est pas l’heure.
Mel - C’est acide un kiwi. Et sucré.
Lem - C’est bon ?
Mel - C’est vert.
Lem - Uniquement ?
Mel - Non. Il y  en a des perdants.
Lem - Et des gagnants ?
Mel - Le kiwi rouge n’existe pas.
Lem - Lui est un kiwi rouge.
Mel - Il existe pourtant.
Lem - Peut-être pas.
Mel - Si.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Pourquoi il existe ?
Lem - Pourquoi je perds ?
Mel - Parce que tu veux faire match nul.
Lem - Tais toi ! Tais toi ! Assis toi.
Mel - Je suis assis.
Lem - Vraiment ?
Mel - ... Oui.
Lem - Je te crois.
Mel - Tu fais bien.
Lem - C’est comment dehors ?
Mel - Comme dedans, en pire.
Lem - Il y a un jardin avec des pommes.
Mel - Il n’étais pas là hier.
Lem - Et ne sera plus demain.
Mel - C’est triste.
Lem - Pourquoi, avec toi, tout est triste ?
Mel - Parce que je ne le suis pas !
Lem - Tu es heureux ?
Mel - Oui.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Je ne sais pas.
Lem - Tu as de la chance. Pourtant je ne te vois pas pleurer.
Mel - Je ne pleure pas.
Lem - Alors tu n’es pas vraiment heureux.
Mel - Peut-être.
Lem - Donne moi mes crocodiles.
Mel - Non.
Lem - Tant pis.
Mel - J’ai soif.
Lem - Vas boire.
Mel - Je ne bois pas d’eau chaude.
Lem - Demande au kiwi.
Mel - Il ne parle pas.
Lem - Il parle tout le temps.
Mel - Il te soûle ?
Lem - Il m’empêche d’être seule.
Mel - Alors pourquoi je ne peux pas partir ?
Lem - Parce que je serai seule.
Mel - Et le kiwi ?
Lem - Il est bavard. Il a perdu.
Mel - Il faut que ça bronze, il faut que ça bronze !
Lem - Mais il pleut.
Mel - Il fait soleil.
Lem - Sous la pluie.
Mel - La nuit tombe.
Lem - Le chameau mange une banane bronzée.
Mel - Sous la pluie ?
Lem - Dans le désert arctique.
Mel - Il doit mourir de chaud.
Lem - Moi j’ai froid.
Mel - Arrêtes de tout le temps parler de moi.
Lem - Tu as froid ?
Mel - Toi si.
Lem - Non.
Mel - Tu as arrêté de trembler !
Lem - C’est parce que j’ai arrêté de penser.
Mel - Penser à quoi ?
Lem - Penser à lui.
Mel - Le parquet du séjour est abîmé à cause des talons aiguilles.
Lem - Il y a du carrelage, pas de parquet.
Mel - Les talons sont à qui ?
Lem - À toi.
Mel - Ah oui. C’est vrai.
Lem - Donne moi la main.
Mel - Non.
Lem - (tend la main à côté d’elle) Où es-tu ?
Mel - Debout.
Lem - Tu as menti.
Mel - Oui.
Lem - Tu fais des progrès.
Mel - Tu m’en veux ?
Lem - Oui. Je suis fière de toi.
Mel - Tant mieux. Tu m’aimeras.
Lem - Je ne perdrais jamais face à toi.
Mel - Oui. Je ne suis pas heureux. (s’assoit)
Lem - Je le savais.
Mel - Tu crois tout savoir.
Lem - Je sais tout.
Mel - Moi aussi.
Lem - Tu sais quoi ?
Mel - Que tu caches quelque chose.
Lem - Je cache quoi ?
Mel - Quelque chose que tu refuses de dire.
Lem - Logique puisque je le cache.
Mel - Dis le !
Lem - Mais quoi ?
Mel - Ce que tu dois dire.
Lem - Mais c’est quoi ?
Mel - Tu le sais puisque tu sais tout.
Lem - Je suis rien.
Mel - Oui. Tu es verte.
Lem - Donc je ne sais rien.
Mel - Pourquoi tu dors sur mon épaule ?
Lem - J’en ai marre.
Mel - Bonjour je suis un hamster.
Lem - Je fais caca dans les buissons.
Mel - Je suis une péripatéticienne roumaine.
Lem - Je suis jeune, chaste et pure.
Mel - Et innocente.
Lem - Je recommande les boules quies !
Mel - Parce qu’on est trois dans la pièce ?
Lem - Moi je ne les écoute pas.
Mel - Ah oui.
Lem - Aie aie aie.
Mel - Moi, ça me frustre.
Lem - Tu es roumain ?
Mel - Non.
Lem - Je ne dors pas.
Mel - Pas sur moi.
Lem - Je vais t’écraser.
Mel - Non.
Lem - C’est quoi, la beauté ?
Mel - C’est... quelque chose.
Lem - Ce n’est pas moi.
Mel - Tu es rien.
Lem - Exact.
Mel - Mais la beauté n’est pas une personne.
Lem - C’est quoi alors ?
Mel - Un ressenti. On voit la beauté de quelqu’un. C’est une qualité.
Lem - Ça ne sert à rien.
Mel - Oui.
Lem - J’ai entendu le chien.
Mel - Ah ?
Lem - Vas voir dehors.
Mel - Je reviens. (sort)
Lem - Mel ? Mel ? Mel ! Ne pars pas. Je suis toute seule. J’ai peur de perdre, j’ai peur d’aimer. Mel ? Moi ? Reviens. Tout de suite ! Tu ne sers à rien. Je ne sers à rien. Reviens ! Pourquoi je suis partie ? Kiwi ! Laisse moi sortir. Mel ! Je te rejoins. Dehors il pleut, je veux avoir chaud et tomber sous la pluie. Mel ? Moi ? Ô moi, moi victorieuse, moi qui suis rien. Je veux sortir ! Maman, maman ! Venez me voir faites moi sortir. Maman, bordes moi, maman endors moi, Maman, réveilles moi, maman, promènes moi. Laissez moi vivre, aimez moi je veux gagner. Gagner, juste une fois encore, un match nul. Promis, oui promis, après j’arrête de jouer. Je veux que ça finisse. Tout de suite. La Belle, où es-tu ? Rends-moi visite, kidnappes moi, fais moi vivre. Lui ne viendra jamais ici. C’est toujours à moi de tout faire. Marcher, ramper, ramper, marcher. Je ne suis pas rien, je ne suis plus rien.  Je suis un vers qui rampe vers un but incertain. Je ne veux pas être stable, je veux qu’il soit aussi instable que moi. Mel ! Mel ! Reviens. J’ai compris, je crois, ce que je dois dire. Je dois te le dire. Vite ! Je vais oublier. Je ne vais plus vouloir. Mel !
Mel - (rentre) Tu fais beaucoup de bruit.
Lem - Pardon.
Mel - Tu m’appelais.
Lem - J’ai cru savoir ce que j’avais à dire.
Mel - C’était quoi ?
Lem - Je ne suis pas rien.
Mel - Oui,tu es toi, tu es Lem.
Lem - De quelle couleur je suis ?
Mel  - ... Lem.
Lem - Oui ?
Mel - Tu es Lem.
Lem - Ce n’est pas une couleur.
Mel - Si. C’est ta couleur.
Lem - Ça ressemble à quoi ?
Mel - C’est instable.
Lem - Dans quel ton ?
Mel - Je ne sais pas trop. C’est changeant.
Lem - Je suis... belle ?
Mel - Peut-être.
Lem - Tu es beau ?
Mel - Oui.
Lem - Qui te l’a dit ?
Mel - Beaucoup de gens.
Lem - Les gens t’aiment ?
Mel - Oui.
Lem - Alors tu gagnes. Beaucoup plus que moi.
Mel - Non. Moi je ne joue pas. Pas comme toi.
Lem - Comment ça ?
Mel - Tu deviens comme moi je crois.
Lem - Explique moi !
Mel - Tu veux faire match nul et arrêter de jouer.
Lem - Peut-être.
Mel - Tu cherches à faire match nul, pour être heureuse. Pour aimer. Pour être aimée.
Lem - C’est comme ça que tu fais ?
Mel - C’est comme ça qu’on vit.
Lem - En laissant le jeu de côté ?
Mel - On joue, pour jouer, mais pas à ce jeu-là. C’est un jeu dangereux.
Lem - Qui fait rire et pleurer.
Mel - Surtout rire.
Lem - j’ai beaucoup pleurer.
Mel - Mais plus ta défaite te pèse, plus tu ris.
Lem - Je ris de plus en plus.
Mel - Tu souris souvent.
Lem - Parce que j’ai mal.
Mel - Où ça ?
Lem - Aux yeux.
Mel - Et aux oreilles ?
Lem - Aussi. C’est quoi, l’amour ?
Mel - Une relation masochiste.
Lem - L’un fait souffrir l’autre.
Mel - Pendant que l’autre fait souffrir l’un.
Lem - Mais l’un aime cette souffrance.
Mel - Et l’autre aussi.
Lem - Je te fais souffrir ?
Mel - Un peu plus chaque jour.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Tu es de plus en plus instable.
Lem - Tu sais, au fond, tu n’es pas très stable.
Mel - Non. Mais avec toi je me lâche.
Lem - Tu tombes !
Mel - Tu me rattrapes ?
Lem - Non.
Mel - Tu souffres ?
Lem - Je ris.
Mel - À cause de qui ?
Lem - Je ne sais plus.
Mel - Tu as su.
Lem - Je saurais.
Mel - Je sais.
Lem - Dis moi.
Mel - Non. Toi, dis-le.
Lem - Quoi ?
Mel - Tais toi. Tues toi.
Lem - Donne moi un crocodile.
Mel - Il y a un hippopotame dans le séjour.
Lem - Avec des talons aiguilles ?
Mel - Je crois.
Lem - Il abîme tout.
Mel - Oui.
Lem - Que le kiwi le fasse sortir.
Mel - Tu veux que j’aille lui demander.
Lem - Non. Reste avec toi.
Mel - Avec toi.
Lem - C’est ce que j’ai dit.
Mel - Oui.
Lem - J’ai lu un livre étrange l’année dernière.
Mel - Sans yeux ?
Lem - C’est Maman qui me l’a lu.
Mel - Maman ou maman ?
Lem - L’une des deux.
Mel - Elle marchait bien ?
Lem - Elle était assise.
Mel - Ça parlait de quoi ?
Lem - De bouillie.
Mel - C’est tout ?
Lem - Non ! Mais je ne me souviens que de ça.
Mel - Comment ça se fait ?
Lem - Je me demande quel goût ça a.
Mel - Tu veux une bouillie de crocodiles ?
Lem - Demain.
Mel - Si je viens.
Lem - Tu viens tous les jours.
Mel - Et si demain je ne viens pas ?
Lem - Tu viens toujours.
Mel - Oui.
Lem - Je ne sais pas pourquoi.
Mel - Je suis le seul qui vient.
Lem - Tu es le seul qui vient.
Mel - La Belle vient aussi.
Lem - Oui. Et elle m’aime.
Mel - Lui viendra un jour.
Lem - Pourquoi tu parles de lui ?
Mel - Bah...
Lem - Il gagne. Tu vois, tout le monde ne joue peut-être pas, mais lui il joue !
Mel - Parce que tu as commencé.
Lem - Comment tu le sais ?
Mel - Tu commences toujours.
Lem - Sauf avec toi.
Mel - Normal. Je suis toi.
Lem - Tu es moi ?
Mel - Tu es moi.
Lem - Je suis toi.
Mel - Tu es toi.
Lem - Je suis moi.
Mel - Je suis...
Lem - Toi et moi.
Mel - Je suis fatigué.
Lem - C’est parce que tu as faim.
Mel - J’ai toujours faim.
Lem - Parce que c’est toujours l’heure.
Mel - On ne l’a pas déjà dit ?
Lem - Non.
Mel - Si.
Lem - Peut-être.
Mel - Certainement.
Lem - Je te soûle ?
Mel - Oui.
Lem - Alors pourquoi tu viens ?
Mel - Pour voir la Belle.
Lem - Tu ne la vois pas. Tu l’aimes ?
Mel - J’aime quand elle me dit de te dire des choses.
Lem - Pourquoi ?
Mel - J’ai des choses à te dire.
Lem - Des choses ? Mais on se dit toujours des choses.
Mel - Toujours la même chose.
Lem - Dis autre chose alors.
Mel - Mais quoi ?
Lem - Ce que tu veux ! Tu as fait quoi hier ?
Mel - La même chose qu’aujourd’hui, la même chose que demain.
Lem - Tu t’ennuies avec moi.
Mel - Oui.
Lem - Alors pourquoi tu viens ?
Mel - Pour que tu me dises ce que tu as à dire.
Lem - Il est trop tôt.
Mel - Quand sera-ce l’heure ?
Lem - Plus tôt.
Mel - Tu l’as jamais dit.
Lem - J’ai voulu je crois.
Mel - Quand ?
Lem - Quand tu étais parti.
Mel - Voir le chien ?
Lem - Oui.
Mel - Et ?
Lem - Et j’ai oublié.
Mel - Ça te reviendra.
Lem - Tant que tu es là... Non.
Mel - Et si je pars ?
Lem - Reste.

27 mai 2010

Match Nul

Début de Match Nul, tous droits réservés à Mel Nyuh !

La pièce est blanche. Il y a une fenêtre, grande, qui fait tout un mur. Mel et Lem sont assis sur un lit, côte à côte. Mel porte un T-shirt noir rayé de gris foncé, et un jean délavé. Lem a une grande frange noir qui cache ses yeux. Elle porte un débardeur noir et une jupe à carreaux noire et blanche. Sur le sol, au pied du lit près de Lem, un coussin jaune.

Mel - À quoi tu joues ?
Lem - Quoi ?
Mel - Avec lui.
Lem - Lui ?
Mel - Oui, lui ! Pourquoi tu agis comme ça ?
Lem - Ah, lui ! Et bien... Parce que c’est lui.
Mel - Pauvre lui. Il a fait quoi ?
Lem - (regarde par la fenêtre) Il fait gris.
Mel - Il a plu toute la semaine.
Lem - Hier c’était la canicule. Parfois j’ai l’impression qu’il m’ignore.
Mel - Mais il t’ignore.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Parce que c’est toi.
Lem - Moi ? Je n’ai rien fait.
Mel - Oh si tu as fait. Tu joues.
Lem - Je ne joues pas. Pas avec lui.
Mel - Tu ne veux pas ?
Lem - Il est joueur tu sais, il est plus joueur que moi.
Mel - Tu as peur de perdre.
Lem - J’ai déjà perdu.
Mel - Sans jouer ?
Lem - Je suis tombée sous la pluie hier. J’avais chaud.
Mel - Pourtant ça avait baissé. Sans jouer ?
Lem - Mais on joue !
Mel - Tu as dis que tu ne jouais pas.
Lem - Il y a jouer et jouer.
Mel - Tu joues avec moi ?
Lem - Oui. Mais c’est toi qui as commencé.
Mel - Peut-être. Qui gagne ?
Lem - Moi.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Si tu gagnais tu le saurais.
Mel - Et pourquoi lui gagne ?
Lem - Parce que j’ai perdu.
Mel - Comment ?
Lem - Je ne sais pas. Tu as des nouvelles de Maman ?
Mel - Laquelle ?
Lem - Notre Maman.
Mel - La tienne donc.
Lem - Oui. La tienne aussi.
Mel - Ma maman va mieux. La tienne non.
Lem - Elles ont quoi déjà ?
Mel - Instabilité.
Lem - Ah oui, Maman marche mal.
Mel - Sa jambe droite se nécrose. La gauche aussi.
Lem - Et l’autre ?
Mel - Instabilité je te dis.
Lem - Mais elle est stable ! Ses jambes sont parfaites. Ses mains vont mieux ?
Mel - Elle les a mangé.
Lem - Comment ?
Mel - Je n’étais pas là. Elle a dit la droite au curry et la gauche au barbecue.
Lem - Elle l’a mangé comment ?
Mel - Je viens de te le dire !
Lem - Non mais, sans mains droite, comment cuisiner la gauche ?
Mel - Avec son pied.
Lem - Les pieds de Maman ?
Mel - Non, de maman.
Lem - Ah. Lui me manque.
Mel - Il te manque toujours.
Lem - Il va perdre.
Mel - Tu joues encore ?
Lem - Non.
Mel - Et lui ?
Lem - J’espère.
Mel - Mais jouer seul, c’est triste. Joue avec lui !
Lem - Mais je vais perdre encore.
Mel - Tu veux que je joue avec lui ?
Lem - Lui ne t’aime pas.
Mel - Moi non plus.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Parce que c’est lui.
Lem - Alors ne joues pas avec lui.
Mel - Tu vas le laisser jouer seul ?
Lem - Non !
Mel - Mais tu ne vas plus jouer.
Lem - Perdre ça fait mal.
Mel - Surtout face à lui.
Lem - J’ai faim.
Mel - Mange.
Lem - Quoi ? Non. Ce n’est pas l’heure.
Mel - C’est toujours l’heure.
Lem - Mange pour moi.
Mel - Tu n’auras plus faim après, quand ça sera l’heure.
Lem - Ce n’est jamais l’heure.
Mel - Pourtant tu manges.
Lem - Je mange quand ce n’est pas l’heure. Quand ce n’est pas ton heure.
Mel - C’est toujours mon heure.
Lem - Donc je ne mange pas.
Mel - Et les crocodiles ?
Lem - Quoi les crocodiles ?
Mel - Tu les manges, même quand ce n’est pas l’heure.
Lem - Ce n’est pas de la nourriture.
Mel - C’est quoi alors ?
Lem - De la nourriture.
Mel - Arrête de jouer ! Tu vas m’énerver.
Lem - Tu ne t’énerves jamais.
Mel - Je suis toujours énervé.
Lem - Contre moi ?
Mel - Jamais.
Lem - Contre les crocodiles ?
Mel - Pourquoi ?
Lem - On parlait de crocodiles.
Mel - Je les déteste.
Lem - Tu déteste tout ce que j’aime.
Mel - Faux. Lui je ne le déteste pas.
Lem - Tu  ne l’aimes pas, c’est pareil.
Mel - Je l’aime.
Lem - Tu as dis le contraire.
Mel - Tu l’aimes ?
Lem - Arrêtes de jouer.
Mel - Il faut bien que tu commences.
Lem - J’ai peur.
Mel - De perdre ?
Lem - De lui.
Mel - Il a fait quoi ?
Lem - Il gagne.
Mel - C’est une chance.
Lem - Je veux qu’il perde.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Pour qu’il m’aime !
Mel - Il ne t’aime pas déjà ?
Lem - Non.
Mel - Je croyais. Il ne t’aime pas ?
Lem - Si.
Mel - Alors pourquoi doit-il perdre ?
Lem - Je veux gagner.
Mel - Tu perdras toujours.
Lem - Je veux qu’il m’aime plus que tu l’aimes.
Mel - Mais je ne l’aime pas.
Lem - Si.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Il faut l’aimer. Lui est puissant.
Mel - Moins que la Belle.
Lem - Oh. La Belle. Elle me manque.
Mel - Tu l’as vu il y a une heure.
Lem - Et je la verrai dans une heure.
Mel - Elle te manque toujours.
Lem - Oui.
Mel - Même quand elle est là ?
Lem - Non.
Mel - Et lui, il te manque quand il est là ?
Lem - Il est jamais là.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Il sera là quand il perdra.
Mel - Il sera jamais là.
Lem - Je dois gagner.
Mel - Tues-toi.
Lem - D’accord. (se lève, part)
Mel - Lem ?
Lem - (revient avec des crocodiles) Je vais m’empoisonner.
Mel - Je peux en avoir aussi ?
Lem - Non, ce n’est pas l’heure.
Mel - Ce n’est jamais l’heure.
Lem - Pour toi, non.
Mel - Tu m’énerves !
Lem - Menteur.
Mel - Oui.
Lem - Tu m’aimes ?
Mel - Je suis bien obligé. Je perds.
Lem - Mais lui gagne. Je suis triste.
Mel - Tu souris.
Lem - Parce que je sais comment le faire perdre.
Mel - Ah ?
Lem - Je vais pleurer de joie face à sa victoire.
Mel - Il gagnera toujours.
Lem - Mais c’est triste de gagner. On est seul.
Mel - Quand on perd aussi.
Lem - Non. Regardes-nous. On perd et on est ensemble.
Mel - Tu gagnes sur moi mais perds sur lui. Tu es vainqueur et perdante. Tu es rien.
Lem - Je suis rien. Tu crois qu’il perd sur quelqu’un d’autre ?
Mel - Non.
Lem -Comment tu sais ?
Mel - Je ne sais pas.
Lem - Alors pourquoi ?
Mel - Pourquoi quoi ?
Lem - Non.
Mel - Il me l’a dit.
Lem - Tu ne lui parles pas.
Mel - Non.
Lem - Alors pourquoi ?
Mel - Je suis un menteur.
Lem - Tues-toi.
Mel - Ce n’est pas l’heure.
Lem - Ce n’est jamais l’heure.
Mel - La Belle m’a dit de te dire qu’elle ne jouait pas avec toi.
Lem - Elle est moi c’est match nul. Je l’aime.
Mel - Elle t’aime aussi.
Lem - Marions-nous !
Mel - Pardon ?
Lem - Épouse-moi.
Mel - Non.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Épouse un crocodile.
Lem - On ne joue pas avec la nourriture.
Mel - Et lui ?
Lem - Quoi lui ?
Mel - Épouse-le !
Lem - Il ne voudra pas.
Mel - Mais tu aimerais bien !
Lem - J’ai rencontré un entonnoir lundi dernier, c’est mon meilleur ami.
Mel - Et ?
Lem - Il est mort demain.
Mel - Tu veux l’épouser ?
Lem - C’est un entonnoir !
Mel - Et alors ?
Lem - On n’épouse pas un entonnoir.
Mel - Mais c’est ton ami.
Lem - Meilleur ami.
Mel - Tu joues avec lui ?
Lem - Il a aucune répartie.
Mel - Il ne doit pas être bien intéressant.
Lem - Du tout. J’ai soif.
Mel - Bois.
Lem - C’est... C’est l’heure. (se lève, sort. Bruit d’eau qui coule)
Mel - Et la voilà partie. (le bruit d’eau se coupe. Lem rentre) L’eau était chaude ?
Lem - Comme toujours.
Mel -- Tu es en colère ?
Lem - Pourquoi ?
Mel - Tu trembles.
Lem - J’ai froid.
Mel - Mets un pull.
Lem - Le mouton frise sous la pluie.
Mel - Mets un pull frisé.
Lem - Hier, j’avais chaud sous la pluie.
Mel - Tu frisais ?
Lem - Pardon ?
Mel - Sous la pluie. Comme le mouton.
Lem - Je ne suis pas un mouton.
Mel - Moi non plus. Je crois.
Lem - Tu crois quoi ?
Mel - Que je ne suis pas un mouton.
Lem - Tu es un mouton.
Mel - Non !
Lem - Si.
Mel - D’accord. Et lui ?
Lem - Arrête de parler de lui !
Mel - Mais c’est un mouton ou pas.
Lem - Non.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Un mouton ne perd pas.
Mel - Alors tu es un mouton.
Lem - Oui.
Mel - Tu es une menteuse, tu changes toujours tes propos.
Lem - Tues-moi.
Mel - Tu ne devais pas t’empoisonner ?
Lem - La Belle doit manger mes yeux.
Mel - Tu en as ?
Lem - Aucune idée. J’en ai ?
Mel - Peut-être.
Lem - J’ai froid.
Mel - J’ai faim..
Lem - Manges. Mais pas les crocodiles.
Mel - Il n’y a que des crocodiles.
Lem - Mange toi.
Mel - Je ne suis pas maman.
Lem - Maman ne s’est pas mangée ! C’est maman qui se mange.
Mel - C’est ce que j’ai dit.
Lem - Instabilité.
Mel - Pardon ?
Lem - Je suis comme maman.
Mel - Tu marche très bien !
Lem - Non, maman pas Maman.
Mel - Tu t’es mangée ?
Lem - Non. Je ne mange pas quand ce n’est pas l’heure. Mais un jour je mangerai en dehors de l’heure et je me mangerai moi parce que les crocodiles ne devront pas être mangés. C’est du poison, jaune, vert, rouge ! Toutes les couleurs de la mort qui me donne droit et je me tue lentement. J’ai perdu. (s’allonge, immobile)
Mel - J’ai gagné ?
Lem - (se redresse) non ! Je ne dois plus perdre.
Mel - Tu vas jouer contre lui ?
Lem - Contre la vie.
Mel - On perd toujours à ce jeu-là.
Lem - Alors lui perd aussi contre quelqu’un.
Mel - Oui.
Lem - La vie ?
Mel - Oui.
Lem - La mort ?
Mel - Qu’importe.
Lem - Il y a des néons sous la mer, ils font beaucoup de bruit.
Mel - Et ?
Lem - La dernière fois que j’y suis allée, il faisaient tellement de bruit que j’en ai ris de douleur. et j’ai rampé sans m’arrêter jusqu’à ce qu’ils se taisent. Sous la mer il y a des méchants.
Mel - Comment tu y vas ?
Lem - Comme tout le monde.
Mel - Expliquoi moi. Moi je n’y suis jamais allé.
Lem - Il faut sauter dans un volcan islandais en criant.
Mel - Tu l’as fait ?
Lem - Non.
Mel - Et lui ?
Lem - Arrêtes de parler de lui ou je m’en vais.
Mel - Tu ne peux pas t’en aller.
Lem - Alors j’appelle le kiwi.
Mel - Le kiwi ?
Lem - Oui, tu sais bien. À l’entrée.
Mel - Ah oui. Le kiwi. Il est mal écrit.
Lem - Oui, c’est kywy.
Mel - Petite fantaisie. Tu joues ?
Lem - Il a perdu.
Mel - Tu es une grande joueuse.
Lem - Qui s’est pris les pieds dans sa stratégie.
Mel - Ah, l’amour !
Lem - L’amour ? Pourquoi tu parles de ça ?
Mel - Tu n’aimes pas ?
Lem - Non.
Mel - pourquoi ?
Lem - Ça ne sert à rien.
Mel - Pourtant tu joues beaucoup.
Lem - Beaucoup trop. Mais aimer et jouer c’est différent.
Mel - En quoi ?
Lem - Aimer c’est...
Mel - Perdre.
Lem - Oui.
Mel - Tu as peur d’aimer ?
Lem - Non !
Mel - Mais tu as peur de perdre.
Lem - Oui. Toi aussi.
Mel - Non.
Lem - Si.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Tu es comme moi.
Mel - Non.
Lem - Tu es moi.
Mel - Peut-être.
Lem - Pourquoi j’ai peur ?
Mel - Parce que j’aime lui.
Lem - Tu ne l’aimes pas.
Mel - Et la Belle ?
Lem - Quoi ?
Mel - Tu l’aimes.
Lem - Oui. Tu bois je n’ai pas peur d’aimer.
Mel - Épouses-la.
Lem - Non.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Un chameau mange une banane.
Mel - Mure ?
Lem - Noire.
Mel - Elle a bronzé.
Lem - C’est bon le sucre.
Mel - Je croyais que tu ne mangeais pas.
Lem - Les crocodiles, c’est sucré. Je connais le sucré.
Mel - Ta vie est triste.
Lem - Le chameau aussi.
Mel - Peut-être que lui est triste aussi.
Lem - Il gagne, donc non.
Mel - Mais toi, tu es triste, alors que tu gagnes plus que tu perds.
Lem - Je ne suis pas triste.
Mel - Tu es heureuse ?
Lem - Non.
Mel - Alors tu es triste.
Lem - Tu m’énerves.
Mel - Tout t’énerve. Et ça m’énerve.
Lem - Tu ne t’énerves jamais.
Mel - Tu crois me connaitre par cœur.
Lem - Je te connais par cœur.
Mel - Tu peux me raconter de mémoire ?
Lem - Oui. Comme les chaussures bleues de la Belle.
Mel - Les chaussures bleues ? Tu connais cette couleur ?
Lem - De nom.
Mel - Et les autres ?
Lem - Jaune, vert, rouge, comme les crocodiles.
Mel - Tu les connais comment ?
Lem - À l’odeur. Le jaune c’est la défaite, le rouge la victoire.
Mel - Et le vert ?
Lem - Le rien. J’aime les crocodiles verts. C’est le meilleur poison.
Mel - J’ai vu la Belle en arrivant.
Lem - Je sais.
Mel - Elle avait l’air fatiguée.
Lem - Elle n’avais pas mangé.
Mel - Ce n’était pas l’heure ?
Lem - Elle n’a pas d’heure.
Mel - Comme moi.
Lem - Comme tout le monde.
Mel - Sauf toi.
Lem - C’est à cause du kiwi.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Il me garde ici.
Mel - c’est son métier.
Lem - Non. C’est mon fils.
Mel - Avec lui ?
Lem - Non. Lui n’est pas là, jamais là. Le kiwi a décidé que j’étais sa maman. Je suis comme maman.
Mel - Maman ?
Lem - Non ! maman.
Mel - Il faut savoir.
Lem - Je suis instable.
Mel - C’est pour ça que tu rampes.
Lem - Il y a des vers de terre dans le ciel.
Mel - Tu veux faire comme eux ?
Lem - J’aime bien le sol.
Mel - C’est propre ?
Lem - Je ne sais pas.
Mel - tu laves ?
Lem - Non. J’ai oublié d’aller à la pharmacie.
Mel - Pourquoi tu devais y aller ?
Lem - Pour acheter à manger à la Belle.
Mel - Tu ne peux pas sortir.
Lem - Je rampe sous la porte.
Mel - Tu ne passe pas.
Lem - Si.
Mel - Arrêtes de dormir.
Lem - Mais je ne dors pas.
Mel - Moi si.
Lem - Menteur.
Mel - Oui.
Lem - Tues-toi.
Mel - C’est pas l’heure.
Lem - C’est toujours l’heure de manger, mais jamais l’heure de se tuer.
Mel - Il n’y a que toi qui te tue.
Lem - Je suis morte demain.
Mel - Tu es née hier.
Lem - Et toi ?
Mel - Moi ?
Lem - Tu meurs quand ?
Mel - Plus tard.
Lem - La vie me bats plus que toi.
Mel - Parce que je suis trop perdant avec toi.
Lem - Ça s’équilibre.
Mel - Et lui ?
Lem - Arrêtes.
Mel - Non.
Lem - Pourquoi ?
Mel - Il faut bien t’énerver. Un jour ça sortira.
Lem - Quoi ?
Mel - Ce que tu dois dire.
Lem - Et que dois-je dire ?
Mel - Ce que tu dois dire.
Lem - Mais c’est quoi ?
Mel - Je te le répète depuis tout à l’heure.
Lem - Tu mens.
Mel - Là, non.
Lem - Vraiment ?
Mel - Vraiment.
Lem - Je ne te crois pas.
Mel Tu n’nas pas confiance en toi.
Lem - Je n’ai pas confiance en toi.
Mel - Si. Tu as peur.
Lem - Oui.
Mel - Reprends un crocodile.
Lem - Un vert.
Mel - Comme le rien.
Lem - Je gagne pour perdre.
Mel - Tu perds pour aimer.
Lem - Je perds pour vivre. Je n’aime pas.
Mel - Et la Belle ?
Lem - Je l’aime.
Mel - Il n’y a qu’elle que tu aimes.
Lem - Non.
Mel - Alors qui d’autres ?
Lem - Je ne sais pas.
Mel - Tu sais très bien.
Lem - Je n’ai pas de nouvelles de lui.
Mel - Tu en auras.
Lem - Je ne veux pas lui en demander.
Mel - C’est perdre un peu plus encore.
Lem - Je ne joue plus !
Mel - Tu l’aimes.
Lem - Il m’ignore.
Mel - Il t’aime peut-être.
Lem - Non. Il gagne.
Mel - Aimer c’est perdre.
Lem - Oui. Le kiwi a vu un chien hier.
Mel - Où ça ?
Lem - Dehors.
Mel - Quand ?
Lem - Hier, dans la soirée.
Mel - Sous la pluie ?
Lem - Oui, avec la canicule.
Mel - Quel chien ?
Lem - Un gros chien. Il avait un coussin dans la gueule.
Mel - Un coussin ?
Lem - Tout doux, et tout gentil. Il aime les coussins allemands.
Mel - Tout durs, et méchants ?
Lem - Oui.
Mel - Un coussin bizarre.
Lem - Tout jaune. Un coussin perdant.
Mel - Tu as joué avec ?
Lem - Non.
Mel - Pourquoi ?
Lem - On ne joue pas avec les coussins.
Mel - Pourtant ce n’est pas de la nourriture.
Lem - Non, mais ce n’est pas très réactif.
Mel - Et puis, face à un coussin, on ne peut que perdre.
Lem - Si perdre c’est aimer...
Mel - On aime les coussins.
Lem - Surtout les tout doux.
Mel - Pourtant il est jaune ton coussin tout doux.
Lem - Oui, puisqu’il a perdu.
Mel - Contre qui ?
Lem - Je ne sais pas. Ça ne parle pas un coussin.
Mel - Logique.
Lem - Je veux voir la Belle.
Mel - Encore ?
Lem - Toujours.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Je l’aime !
Mel - Tu l’aimes... Sans jouer.
Lem - Oui. On ne peut pas jouer. On s’aime trop.
Mel - Et son amour ne te comble pas ?
Lem - Pas assez.
Mel - Le sol n’a pas tremblé ?
Lem - Non. C’est moi.
Mel - Tu trembles comme le sol.
Lem - Parce que j’ai froid.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Arrêtes avec tes questions. Tu m’énerves.
Mel - Il faut bien te tuer.
Lem - Donne moi les crocodiles.
Mel - Pourquoi match nul ?
Lem - Pardon ?
Mel - C’est quoi, faire match nul ?
Lem - C’est quand on perd et gagne en même temps.
Mel - Quand l’amour est partagé.
Lem - Oui. Et qu’il dure.
Mel - Avec la Belle tu fais match nul.
Lem - Oui. Je me tue à te le répéter.
Mel - L’amour empoisonne.
Lem - Les couleurs sont la vie.
Mel - Le poison est coloré. Et avec qui tu veux faire match nul ?
Lem - Je ne sais pas.
Mel - Moi ?
Lem - Non.
Mel - Tu ne m’aimes pas.
Lem - Si. Mais parce que tu perds.
Mel - Tu es méchante.
Lem - Peut-être.
Mel - C’est sûr. Lui ?
Lem - Quoi lui ?
Mel - Tu veux faire match nul ?
Lem - Je veux qu’il perde !
Mel - Tu l’aimes.
Lem - Tais-toi.
Mel - Tu te voiles la face. Tu ne vois pas la réalité.
Lem - Je n’ai pas d’yeux.
Mel - Peut-être que si.
Lem - Sans mes yeux j’entends les néons sout la mer.
Mel - J’entends peut-être moi aussi, avec mes yeux.
Lem - On ne sait pas.
Mel - Tu détournes la conversation.
Lem - On a pas de conversation. Je ne veux plus t’épouser.
Mel - Tant mieux.
Lem - On joue ?
Mel - Non.
Lem - Pas à ça !
Mel - À quoi ?
Lem - À... ça.
Mel - La vie ? L’amour ? À quoi tu joues Lem ?
Lem - Si je le savais. Je joue au jeu.
Mel - Tu recherches quoi ?  Gagner ?
Lem - C’est bien de gagner. Ça fait pleurer.
Mel - Mais perdre fait rire.
Lem - Je veux faire match nul.
Mel - Avec ?
Lem - Je ne sais pas. Un second match nul. Ça ferait un renouveau.
Mel - Le renouveau est instable.
Lem - Je suis instable.
Mel - Comme maman.
Lem - Et Maman.
Mel - Je suis le seul à être stable.
Lem - Tu es bizarre.
Mel - Toi aussi. Tu es plus bizarre que moi.
Lem - Il va pleuvoir encore.
Mel - Le ciel est bleu pourtant.
Lem - J’ai dis qu’il allait pleuvoir, il pleuvra !
Mel - Il pleuvra forcément un jour.
Lem - Voilà. J’ai toujours raison. J’ai encore gagné !
Mel - Tu es triste.
Lem - Comment tu le sais ?
Mel - Tu souris.
Lem - J’ai envie de rire.
Mel - Tu es très triste alors.
Lem - Rire très fort.
Mel - Pour qu’on t’entende ?
Lem - Je veux qu’il m’entende ?
Mel - Qui ? Le kiwi ? Le chien ? Le coussin ?
Lem - Lui !
Mel - Ah. Pourquoi ?
Lem - Qu’il m’entende rire très fort, qu’il voit comme je suis triste qu’il gagne toujours. Je suis une éternelle perdante face à lui. Donne moi un crocodile. Jaune. Je ne veux plus gagner. Je ne veux plus jouer. Juste être perdante, sa perdante, qu’il gag,e. Pourquoi le poison ne marche pas ? Pourquoi le kiwi ne me laisse pas sortir ? Pourquoi la Belle m’aime ? Pourquoi le chien mord le coussin ? Pourquoi le coussin aime-t-il les coussins allemands ? Pourquoi il ne se laisse pas perdre ?
Mel - Peut-être veut-il faire match nul.
Lem - je lui demanderai. Quand j’aurai de ses nouvelles.
Mel - Mais tu ne veux pas lui en demander.
Lem - Non. J’ai peur.
Mel - De perdre ?
Lem - Non.
Mel - De jouer ?
Lem - Non.
Mel - Des néons ? Du chien ? Du kiwi ? De...
Lem - De l’amour.
Mel - Pourquoi ?
Lem - Parce que ça fait rire.
Mel - Tu sais... Rire un bon coup ça fait du bien.
Lem - Si je veux rire je vais sous la mer.
Mel - Il y a des pommes dans le jardin ?
Lem - Quel jardin ?
Mel - Celui de la maison du kiwi. Chez toi.
Lem - Il n’y a pas de jardin.
Mel - Il y en avait un hier.
Lem - Il y en aura un demain.
Mel - Mais aujourd’hui ?
Lem - Il pleut.

Publicité
Publicité
Match Nul
Publicité
Newsletter
Archives
Match Nul
Catégories
Publicité